Yves Jean-Marie Rouquette (Ives Roqueta), né le 29 février 1936 à Sète
(Hérault), mort le 4 janvier 2015 à La Serre, commune de Camarès dans
l’Aveyron. Professeur de lettres, écrivain, éditeur, journaliste. Membre du
Parti socialiste unifié, du Parti communiste français et du Parti socialiste.
Militant occitaniste au Comité occitan d’Etudes et d’action puis à Volem
viure al païs. Il
naquit le 29 février 1936 à Sète de Jean-Louis Rouquette, cheminot à la
Compagnie du Midi, né le 9 novembre 1901 à Camarès (Aveyron) et de Marie Elise,
Séraphine, Sidonie, Emma Rouquette née le 12 janvier 1901 à
Peux-et-Couffouleux (Aveyron), sans profession. Il mourut le 4 janvier 2015 à
La Serre, commune de Camarès dans l’Aveyron ou à Saint-Affrique (Aveyron)
selon la mention de l’état-civil de Béziers. Ses parents n’avaient
pas de convictions politiques mais étaient catholiques pratiquants : Yves fut
enfant de choeur de 8 à 14 ans à Sète. Il fréquenta le collège Paul-Valéry où
il eut comme enseignant Robert Lafont, membre de l’Institut d’Estudis Occitans
dès 1945. Yves Rouquette intégra l’IEO à 14 ans. Il poursuivit ses études à
Montpellier où il côtoya les écrivains occitans Max Rouquette (Max Roqueta),
Léon Cordes (Leon Cordas) et Louis Alibert (Lois Alibert). Il fut nommé
rédacteur de la revue de l’IEO Oc
en 1962 jusqu’en 1964 (la revue s’arrête provisoirement à cette date). En
1964, il lança un cours public d’occitan et fonda la revue Viure (1964-1973) issue du Comité
occitan d’études et d’action (CAOC), “à la fois groupe de pression et club
d’opinion, sous l’influence des thèses tiers-mondistes de Frantz Fanon,
stigmatisant un “colonialisme intérieur” et une “aliénation culturelle”. Dès l’automne
1972, il s’estimait en marge de la revue et après une critique de l’anthologie
de René Nelli, la Poésie occitane,
il écrivit au poéte “Je viens de lire Viure
[le n° 29, automne 1972] et d’écrire à Lafont que je suis désespéré par la
stupidité et la mauvaise foi de Gardy, Bazalgues et compagnie.” Pour Serge
Bonnery : “Du plateau du Larzac à la révolte des vignerons, Yves Rouquette
s’est dressé contre ceux qui balafraient son pays et humiliaient ses hommes
“. Il se maria à Béziers (Hérault)
avec Simone Marie Thérèse Rouanet le 2 septembre 1961. Il termina une licence
de Lettres et fut reçu au CAPES. Il devint professeur de lettres et d’occitan
à Béziers au lycée Henri IV à partir de 1965, lycée où il fera toute sa
carrière. Il adhèra au syndicat SGEN-CFDT. Il milita aussi deux ans au PSU,
quatre au PCF (consultée, la fédération de l’Hérault de ce parti n’en a pas
conservé la mémoire) et adhèra de manière éphémère au Parti
socialiste français en 1981 avant de le quitter. Il fut surtout militant
occitaniste, membre et tribun de Volèm Viure al Païs à partir de 1974,
mouvement autonomiste et socialiste, après avoir animé le Comité occitan
d’études et d’action (créé en 1962) et Lutte Occitane (créée en 1971). Il créa
le label de disques Ventadorn en 1969 avec les chanteurs Claude Marti, Patric
et Mans de Breish. Cette maison d’édition permit à la jeune chanson occitane
de trouver une nouvelle audience. En 1974-1975, il lança à Béziers le Centre
International de documentation occitane (Cido) conçu comme une bibliothèque
centrale de la culture occitane. En 1995, l’association fut dissoute et en
1998, la région
Languedoc-Roussillon et la ville de Béziers créèrent un syndicat mixte afin de
conserver, enrichir et valoriser les collections issues du CIDO. Ils fondèrent
ainsi le premier établissement public entièrement dédié à une langue
régionale en France : c’est le Centre inter-régional de développement de
l’occitan (Cirdoc). Au congrès d’Aurillac de l’IEO, en 1980, la liste de Robert
Lafont étant minoritaire, Y. Rouquette devint secrétaire général de
l’Institut. Dans un courier à René Nelli, il justifia son action par ces
termes : «Per daissar pas l’IEO a una clica de pensaires "made in
university of France” lo caliá prene. O ai fach après una batalha de dos ans
qu’es pas ganhada ça que la...» (Pour ne pas laisser l’IEO à un groupe de
penseurs “made in university of France”, il fallait le prendre. Je l’ai fait
après une bataille de dos ans qui n’est pas encore gagnée...) Il participa
aussi à la création d’une des premières calendretas (écoles bilingues laïques
occitanes) : c’est lui qui, au congrés de l’IEO de Béziers, en 1977, lança un
appel pour un enseignement de l’occitan en maternelle. Son appel incita des
militants de Volem Viure al Païs a préparer un projet qui deviendra celui de
Calandreta. Après celle de Pau en janvier, en septembre 1980 s’ouvrait la
Calandreta de l’Ametlièr à Béziers. Écrivain (40 livres
environ), Rouquette chanta son pays et s’essaya à tous les genres : poésie,
roman, conte, pièce de théâtre. Il traduisit aussi des oeuvres françaises en
occitan (Molière, Joseph Delteil et Giono). Il fut journaliste et tint, à
partir de 1974, une chronique hebdomadaire dans La Dépêche du Midi, “En occitan” où il commentait les parutions
en langue d’oc et des sujets d’actualité. En 1999, il écrivit aussi une
chronique le dimanche,“Accent d’Oc”. Il totalisa ainsi “Plus de mille chroniques”.
Il écrivit aussi dans Terre de Vins, magazine bimestriel
du vin et de l'art de vivre. Œuvres (quelques) : L'escriveire public, Toulouse, IEO, 1958 ; Lo
mal de la tèrra, Toulouse, Movement de la Joventut Occitana, 1960 ; La
Paciència, Toulouse, IEO, 1962 ; Lo
poêta es una vaca, Lavit (Tarn), Lo libre occitan, 1967 ; Oda a Sant Afrodisi, Toulouse, IEO, 1968 ; Roërgue
si, Ardouane, Quatre Vertats, 1968 ; Breiz Atao,
avec Henri Espieux et Joan Larzac, Toulouse, IEO
Messatges, 1969 ; Messa sens ren pels
pòrcs a vendre, Ardouane, Quatre Vertats, 1970 ; Made
in “France”, IEO Prosa, 1970 ; Joan
sens tèrra, Agen, Forra-Borra, 1972 ; Roërgue si précédé
de Oda a Sant Afrodisi et
suivi de Messa pels pòrcs,
Honfleur, Pierre-Jean Oswald, 1972 ; Lo
trabalh de las mans, IEO A tots, 1976 ; Histoire des pays de langue occitane, Béziers, CIDO, 1979 ; Lengadoc roge, IEO A tots, 1984 ; Dels dos principis, Narbonne, Fernand
Gautier "Recherches graphiques”, 1987 ; L'escritura, publica o
pas, Toulouse, IEO, 1988 ; Cathares. Toulouse,
éditions Loubatières, 1991 ; Cellula XIII, Les Cahiers
de Garlaban, 1992 ; Midis, Toulouse,
éditions Loubatières, 1992 ; Sète et son archipel,
illustrations de Pierre François, Toulouse, éditions Loubatières, 1993 ; Argerianas,
Toulouse, Lo gai Saber, 1994 ; Lo filh
del paire, IEO A tots, 2007 ; Christian Anatole et Robert
Lafont, Nouvelle histoire de la
littérature occitane. Tome II, PUF, 1970. Prix et hommage : 1962 : grand prix des
lettres occitanes pour Paciència ;
pour ses 50 ans de poésie, le Musée Fleury de Lodève lui a consacré
une grande exposition rétrospective en avril 2009. Sources : Questionnaire Maitron DBMOMS
(réponses à l’automne 2014) ; article de Serge Bonnery dans L’Indépendant du 6 janvier 2015 ;
article de la Dépêche du Midi du 6
janvier 2015 ; nécrologie signée Yves Rouquette dans Le Monde du 11-12 janvier 2105 ;
état-civil de la ville de Béziers ; wikipédia ; ADAude 10 JJ 6 .
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